Une très jolie pièce à la fois sérieuse et pleine de tendresse, inspirée du roman de David Lodge (Thinks sorti en 2001). Deux personnages inconnus se rapprochent progressivement et nous font part à voix haute de leurs pensées intimes, de leur ressenti et impressions vis à vis de l’autre. Nous apprécions donc de voir sous nos yeux se nouer une relation amoureuse avec la conception masculine et féminine de la chose.

La mise en scène apporte grandement, jeu de porte qui se déplace pour donner l’illusion d’intérieur ou extérieur, films qui se projettent sur l’arrière plan lorsque un personnage sort dans la rue afin qu’on le voit marcher pendant que l’autre le regarde par la fenêtre et commente à haute voix, canapé savamment transformé en jacuzzi avec des reflets d’eau sur le dossier, et surtout, les deux acteurs sont sur la même scène, et lorsqu’ils ne sont pas ensembles, la lumière est allumée sur le premier, éteinte sur le second, mais il leur arrive d’interagir (piquer des corn corn-flakes dans le paquet de celui qui parle), de se regarder et de donner l’impression qu’ils communiquent alors qu’ils ne sont pas censés se voir.

C’est très joliment fait, très touchant, très prenant, je pense qu’on aurait pu pousser encore plus loin dans les pensées secrètes (il y a quand même des pensées masculines très crues et surprenantes parfois ), et c’est magnifiquement bien interprété, Isabelle Carré est attachante de sensibilité, et Samuel Labarthe magistral dans son rôle de mâle.

Un bon moment que je vous conseille dans le très beau théatre du Montparnasse, jusqu’à fin avril 2012.

Synopsis
Ralph Messenger, spécialiste de l’Intelligence Artificielle et des sciences cognitives, et Helen Reed, romancière fragilisée par son récent veuvage, s’engagent dans le jeu complexe de la séduction.